Le plaisir d’assister à un match de hockey ne se mesure pas au coût du billet, du prix du stationnement et de celui de la bière. Ce n’est pas parce que c’est cher que c’est meilleur. Voilà qui illustre bien le petit bonheur d’assister à un match des Remparts de Québec dans toute son authenticité. Le retour plausible à Québec d’une équipe de la Ligue nationale de hockey n’est pas nécessairement garant que le plaisir sera le même.
En se présentant au Colisée Pepsi pour assister à un match des Remparts, le chantier du futur amphithéâtre Labeaume se dresse tel un fantôme dans la nuit en jetant ombrage à ce quartier du bas de la ville et à ces gens qui n’auront certainement plus les moyens de « triper » hockey autrement que par le truchement de leurs téléviseurs diffusant un match à quelques rues de chez eux.
Il faut voir ces bonnes gens affluer au Colisée après s’être garés gratuitement dans les rues avoisinantes, débourser 15$ pour un bon billet et ne pas payer plus de 6,50$ pour une bière. De vrais partisans qui arborent massivement leurs casquettes et chandails à l’effigie de leur club favori. Ils étaient encore 9 957 à apprécier un match enlevant ce 22 novembre contre les Tigres de Victoriaville (Qué 4/Vic 1 ). Du bon hockey sans bagarres épiques comme dans le passé de cette ligue si ce n’est qu’une simple échauffourée.
Ils étaient là en famille. Ma voisine dans les gradins n’avait que 16 mois. Ses parents avaient même apporté son siège surélevé pour son confort. Ce n‘était pas son premier match. Elle y était l’an dernier à 4 mois et l’année précédente dans le sein de sa mère.
Assister à un match des Remparts, c’est un happening populaire. L’organisation offre même durant le temps des Fêtes, l’admission gratuite aux jeunes de moins de 12 ans. Pas sûr qu’une organisation des ligues majeures pourra prétendre être si près du « peuple ». Après tout, il lui faudra payer des salaires de millionnaires à des joueurs qui se traînent souvent les patins sur la glace. Qui voudra payer 100$ le billet, 25$ le stationnement et 10$ la bière ?
Ceux qui prétendent que l’on peut appliquer au marché de Québec le modèle des Jets de Winnipeg qui ont réintégré avec succès le giron de la grande ligue prêchent par un excès d’optimisme. Il y a 3 fois plus de sièges sociaux dans la ville du centre du pays qu’à Québec où les loges ne pourront quand même pas être comblées par les ministères publics.
Fière des succès de son équipe universitaire du Rouge & Or, Québec a su résister à l’expansion de la Ligue canadienne de football. 18 000 spectateurs à coût raisonnable pour un bon match d’une équipe performante, ça vaut bien mieux qu’une piètre équipe professionnelle à gros prix. La comparaison pourrait s’appliquer au hockey dans la vieille Capitale. Le retour des Nordiques peut bien attendre. Avant d’écraser l’adversaire, ils auront malheureusement écrasé la racine même des VRAIS partisans.