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I-P-E : AU PAYS D’ÉVANGÉLINE


Nous aurions pu tout aussi bien titrer : « Au pays des Arsenault et des Gallant ». Ces deux familles sont omniprésentes chez les morts du cimetière comme chez les vivants de la région accadienne où nous sommes débarqués pour 3 nuits. L’Île-du-Prince-Edouard est petite mais nous pourrions parler ici d’une région éloignée tellement il n’y a pas d’attraits touristiques évidents comme ailleurs. Mais attention, y passer en coup de vent sans s’y arrêter (ou presque) pourrait vous faire manquer des rencontres qu’aucun dépliant publicitaire ne puisse vous promettre.


Nous avons choisi un camping presque de fortune tellement il est reclus et sous les standards habituels. Le Camping Au Clair D’la Lune / Moonlight Campground ne paie pas de mine. En fait il affiche meilleure figure sur la galerie de photos de son modeste site internet. Le risque était tout de même calculé ; voir du pays… du vrai pays et dès les premières heures nous avons été servis à souhait. Cap Egmont et Mont-Carmel sont beaucoup plus des bourgs plutôt que des municipalités de campagne traditionnelles bien structurées avec services.


La pluie diluvienne qui nous a accompagné depuis Charlottetown cède enfin sa place au retour du beau temps propice à une première virée exploratoire sans visée particulière. Sans attente, on laisse toute la place aux surprises.


Le double clocher à l’horizon nous mène d’abord à Mont-Carmel et son impressionnante église bien conservée avec son cimetière attenant scrupuleusement entretenue. Nous louvoyons entre les pierres tombales affichant majoritairement la mémoire des ancêtres Arsenault et Gallant. Dans l’église, l’hôtesse à l’accueil est une… Arsenault.



Mont-Carmel n’est pas un village proprement dit. Il n’y a que l’église et en face un centre communautaire. De façon éparse des habitations proprettes meublent les environs. Idem pour le village voisin de Cap Egmont sans église mais un camping, un attrait touristique suscitant curiosité pour d’autres que nous (Les Maisons de bouteilles) et un resto de fruits de mer (Lobster shack) à peine ouvert depuis 1 mois.


Alors il ne reste donc plus qu’à sortir des sentiers battus au sens propre et figuré en enfilant une petite route menant à un petit port côtier particulièrement effacé. C’est le calme plat sauf pour un bateau de pêche où son capitaine prépare le début de la saison de la pêche aux homards prévu dans 48 heures. En furetant sur le quai, un simple bonjour et nous nous insérons déjà dans la jasette en cours avec le propriétaire du bateau, un certain… Arsenault et son ami sur le quai, un certain… Gallant.



Sans rien questionner, nous aurons droit à une avalanche d’informations qui nous rendront moins néophytes du commerce des homardiers qui ne sont pas que pêcheurs mais aussi entrepreneurs. Une grosse business qui frise le million de dollars en actifs incluant les onéreux permis de pêche.


Le dialecte est captivant chez ce franco-anglo-accadien au vocabulaire issu des deux dictionnaires dans la même phrase, le tout teinté d’un accent unique qui fait tout le charme du personnage dont nous échapperons quelques précisions malgré notre bilinguisme.


Après avoir forcé le congé de notre intarissable Arsenault, nous nous laisserons déborder vers un petit chemin étroit peu invitant mais dont la signalisation de rue est sans équivoque de ce que nous y découvriront. La Pointe du phare d’Egmont est déserte. Pas de panneau indicateur, ni de kiosque comme pour d’autres phares. A l’avancée vers l’eau, au bord de la falaise, une nouvelle surprise nous attend à la vue du littoral sculpté d’où s’est détachée une croquée de celui-ci donnant une image tout aussi spectaculaire qu’imprévue.



Voilà à peine 4 heures que nous sommes arrivés et déjà le carnet de souvenir est rempli au delà des attentes et dire qu’il nous reste encore 48 heures à s’exposer à d’autres surprises qui ne sont pas toutes dans les dépliants touristiques.


Dès le lendemain matin, court arrêt à la jolie boutique de la Coopérative d’artisanat de la petite municipalité voisine d’Abram-Village. Une charmante dame nous accueille, une certaine… Arsenault qui nous présente son mari… un certain Gallant.

Et voilà ! C’est reparti….…


  • Belle découverte en août 2018



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