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PARC DE LA GASPÉSIE : LA RANDONNÉE, C’EST LE PIED


Vous ai-je dit que la randonnée pédestre en montagne était un sport dangereux ? C’est pourtant le constat que je fais à la suite d’une malencontreuse chute survenue sur le sentier principal du Mont Albert. Dorénavant, il ne faudra plus confondre randonnée et ballade facile.


Le temps s’était chagriné en matinée et la menace de pluie nous avait confiné à des secteurs plutôt aisés en bordure de la belle rivière Sainte-Anne et aussi pour une courte ascension vers le belvédère de la Lucarne entre le Gîte et le camping du Mont Albert.


Dame nature devenue meilleure complice en après-midi, nous nous sommes laissés aller à viser une randonnée vers le belvédère de la Saillie que l’on croise en route vers le sommet du Mont Albert. Trois kilomètres aller-retour, après tout, ce n’est rien. Sauf que trois kilomètres en balade sur les Plaines d’Abraham ce n’est pas trois kilomètres en randonnée alpine.


Au départ, le sentier est serré et pris en serre par une végétation si dense que l’expression « allez hors sentier » ne peut avoir cours. Les milliers de randonneurs qui l’ont foulé depuis nombre d’années ont usé le sol à faire rejaillir les racines telles les veines de la main d’une personne âgées. Jonchés de cailloux ici et là, il faut être alerte à chaque pas déposé au sol.


Notre rythme était bon malgré la chaleur et l’absence de vent au sol qui ne faisait valser que la cime des sapins Beaumier, hauts comme des fusées. Habituée à pester contre son cardio, Roli s’étonnait à maintenir la cadence, grâce à plusieurs arrêts en plateau.

Tel que le veut la caractéristique du Mont Albert, plus on monte, plus le type de décor végétal change. Même les cailloux prennent du volume et ajoute au niveau de difficulté. C’est alors moins de la randonnée mais plus de l’escalade.


Mal préparé

Au deux tiers de la distance parcourue, craignant de devoir vivre une lente descente tardive, nous décidons de rebrousser chemin avec la promesse d’une prochaine fois. Nous sommes bien chaussés de bottes dites de marche avec semelles dures, mais la fatigue des randonnées préliminaires, le peu de réserve d’eau et la négligence d’avoir oublié nos bâtons de marche, nous font jouer de prudence et revenir à la base.


Nos inquiétudes étaient certainement prémonitoires car dès le retour amorcé, un mauvais pas coinça mon pied gauche dans un creux rocailleux et me fit pivoter en déséquilibre vers le bas de la pente pour aller choir sur le dos dans une grappe de gros cailloux. Heureusement, mon sac photo « Lowepro » rembourré absorba une partie du choc lors de la renverse.


Pas de craquement donc en principe pas de fracture. Secoué et avec quelques éraflures aux deux jambes, je m’empresse de tenter de reprendre le pas comme pour me convaincre qu’il n’y aura pas trop de séquelles.

L’appel de la rivière Sainte-Anne au bas du sentier se fait tout de même pressant pour y saucer dans ses eaux froides, le pied endolori. L’eau que l’on espérait glaciale n’est malheureusement que fraîche et on sent qu’il faudra bien plus pour endiguer l’enflure. Le sac de glace remis courtoisement par les préposés au centre de découverte et services aura l’effet bienfaisant bien plus que la rivière. Comble d’ironie, mon bâton de marche oublié deviendra ma canne dans les heures qui suivront.

Partie remise

Voilà donc un deuxième échec au mont Albert pour l’auteur de ces lignes. Il y a 2 ans, lors d’une visite hivernale au Gîte, une tentative de rejoindre à raquettes le même belvédère avait dû être écourtée abruptement alors que la très rapide nuit tombante avait obligé le raquetteur solitaire, sans lampe frontale, à rentrer précipitamment à la base.

M’inspirant d’un beau-frère et d’une belle-sœur qui ont déjà dû écourter, pour force majeure, leur marche au sentier de Compostelle qu’ils compléteront 2 ans plus tard, je me promets de faire une troisième tentative et cette fois ce sera jusqu’au sommet.


24 heures plus tard, les ponctions arctiques sur la cheville ont bien fait leur œuvre. L’éclopé va survivre avec la résolution de soigner sa préparation lors de randonnées alpins et de se munir de bonnes bottes protégeant mieux la cheville. Il n’y a pas qu’en hiver que la montagne mérite le respect et la prudence.


Loin d’être découragé, la mésaventure aura plutôt accentué le désir de faire plus de randonnées. Avec un sourire en coin, nous pourrions dire comme le veut cette expression empruntée à nos cousins français que « La randonnée, c’est le pied ».



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