La devise canadienne « D'un océan à l'autre » pourrait tout aussi bien s'appliquer au canal de Panama. À juste titre, on lui désigne cependant le slogan du "Plus court raccourci au monde". Ce trait d'union plus que centenaire entre 2 mers constituait d’ailleurs le haut fait qui a motivé le choix de notre croisière de 17 jours entre Miami et San Francisco.
Il y aurait beaucoup à écrire sur la riche histoire de ce canal qui fut jonchée d'épisodes heureux comme tragiques. Retenons succinctement que c’est aux français que nous devons en 1881 l’amorce de cette merveille d’ingénierie.
En 1904, 23 ans plus tard, ce seront les américains qui en deviendront les maîtres d’œuvre et c’est en 1913 que les deux eaux se rejoindront. Finalement au tournant du siècle, les américains cèderont aux Panaméens le canal qui dès lors entamera une vaste réfection qui culminera en 2016. Sans ces travaux d’agrandissement, notre imposant navire et combien d’autres méga porte-conteneurs n’y auraient pas eu accès.
Contentons-nous donc de seulement vivre l'expérience à bord du Norwegian Encore de ce passage de 82 km de l'Atlantique au Pacifique, de l'aurore au crépuscule.
Au terme d'une navigation de nuit depuis Carthagène (Colombie), notre navire se présente à la levée du jour à l'embouchure du canal dans le port de Colon puis met le cap pour passer sous le Pont de l'Atlantique en aval de la première écluse..
La grande majorité des passagers sont déjà postés aux divers points d'observation sur le navire. Des chaises supplémentaires même ont été ajoutées dans le "Observation lounge" pour mieux apprécier l'expérience ou encore on pourra tout voir en direct sur écran géant depuis l'atrium du navire. De la timonerie, un commentateur rapporte à travers les haut-parleurs du paquebot les diverses étapes du passage des 3 premières écluses.
L’intérêt du passage dans le canal de Panama se limite d’ailleurs aux trios d’écluses à chacune des extrémités de celui-ci. Entre les deux, ce n’est qu’un long fleuve tranquille interrompu par un arrêt obligé à mi-parcours dans la réserve d’eau naturelle que constitue le lac Gatún. Cette pause permettra d’aiguiller le trafic des navires qui sur une distance de 12 kilomètres ne peuvent se croiser dans l’étroit chenal.
Courte distance, mais longue journée. Il y a peu à voir si ce n’est que de contempler une forêt austère et inhabitée. Changement climatique oblige, on prend alors conscience de la baisse importante du niveau d’eau face à la diminution de près de 30% des précipitations ces dernières années. On comprend particulièrement l'enjeu quand on apprend que le passage d’un seul navire consomme autant d’eau qu’un demi-million de Panaméens en une journée.
Puisque chaque éclusage renvoie une bonne partie de cette eau douce à la mer sans se renouveler, le nombre de passages quotidiens de navires est donc passé de 38 à 30, ce qui représente d’importantes pertes de revenus quand on sait qu’un navire de croisière comme le nôtre paie plus ou moins $500,000 pour son droit de passage de la journée. Le canal a un chiffre d’affaires annuel d’un milliard de dollars.
Pour ménager cette eau précieuse, 60% de celle-ci est recyclée grâce à trois bassins de débordement en marge des écluses. L’infrastructure est impressionnante.
En fin d'après-midi, le Norwegian Encore s'engage dans les 3 dernières écluses. On pourra alors mieux observer le manège des portes imposantes et du transfert des eaux dans les bassins latéraux.
L'arrivée à Panama City sera obligatoirement retardée en fin de soirée dans l'attente de la baisse de la forte marée devant permettre à notre navire de passer sous le Pont des Amériques (Puente de las Americas) et accéder finalement à la mer pour rejoindre Panama City après une quinzaine d'heures de navigation.
* Traversé le 11 avril 2024
NDLR : Le Canal de Panama fut le haut fait de notre croisière de 17 jours de Miami à San Francisco, de l'Atlantique au Pacifique. - Pour consulter l'ensemble des compte-rendus de la croisière, rendez-vous sur cette page.
Bon résumé de cet ouvrage d’ingénérie.