L’endroit est désigné comme camping, mais il n’a rien d’un camping traditionnel, voire même qu’il mérite certainement une appellation à part. Le Paradis Marin du village Grandes-Bergeronnes sur la Côte-Nord est si idyllique « qu’il faut le vivre pour le croire ». Son nom ne pouvait être mieux choisi.
Pas facile de décrire l’endroit en peu de mots si ce n’est de dire que celui-ci est littéralement de type « Zen bien organisé », offrant une quiétude assurée que jamais un camping classique ne saura offrir. S’y arrêter qu’une seule nuit de halte ne saurait d’ailleurs rendre justice au lieu.
Certains campeurs diront qu’il y a peu alors que d’autres diront qu’il y a tout. Il n’y a aucune activité organisée ou festive. En fait, l’activité première est tout simplement la contemplation depuis son site ou encore sur les belles grosses roches étalées sur le littoral d’un kilomètre. C’est sur ces gradins naturels que l’on retrouve les spectateurs en attente du passage des mammifères marins.
On s’y installe tel un pêcheur attendant patiemment que le poisson morde à l’hameçon. Le passage de cette faune marine est souvent si près de la rive que nul besoin d’opter pour une excursion motorisée au large.
D’autres seront encore plus aux premières loges à bord de leurs kayaks de mer ou de ceux offerts en location non loin de l’accueil. Une rampe de mise à l’eau avec station de nettoyage est fort prisée par les kayakistes qui en ont fait leur lieu de prédilection.
Rorquals, bélugas et phoques remplacent ainsi les bruyantes motomarines ou autres embarcations proscrites dans cette aire protégée. Comment ne pas se laisser envouter ?
Interdiction de faire la fête, de faire de la musique, de crier à tue-tête et d’activer une génératrice sont autant d’atouts qui permettent de bien entendre le chant des oiseaux et parfois même le souffle des baleines. Les chiens qui aboient et les enfants qui crient se font vite rabrouer par les voisins.
En marge de l’aire de camping, on retrouvera les « sentiers du silence » qui laissent cours à la randonnée tout en humant le mariage de l’air salin avec l’odeur des épinettes nombreuses. Quiétude assurée là aussi où les vélos de montagne sont interdits.
Sanctuaire de ressourcement dont la popularité est indéniable à en juger par sa haute fréquentation en juillet et en août alors que l’affiche de bord de route arbore en permanence l’indication de « complet » durant au moins 30 jours continus.
Un camping tout autre
L’endroit n’a rien d’un aménagement cartésien classique de camping alors que ses quelque 160 emplacements sont répartis en tout respect du relief côtier et du bassin versant. Très majoritairement, ils ont regard sur le fleuve et ne vous aviser pas de garer votre équipement en oblique qui obstruera la vue d’un voisin.
On retrouvera la majorité des sites sans service, sur le littoral et en diverses zones réservées exclusivement aux tentes et petites unités. Inutile de réserver ceux-ci car ils sont dévolus sur la base du premier arrivé, premier servi. On choisit son emplacement qui le demeurera jusqu’au départ sans contrainte d’être bousculé par une réservation car il n’y en a aucune.
Étalés sur un vaste espace naturel, 5 petits pavillons de services s’ajoutent au pavillon principal qui abrite la buanderie à faible coût, douches et toilettes impeccablement propres où des débarbouillettes sont laissées sur les comptoirs pour que chacun assure de les laisser ceux-ci sec et propre. Il n’y a aucun service wifi mais le signal cellulaire entre bien pour ceux qui sont autonomes à cet égard.
Les VR de plus gros gabarit seront orientés vers le plateau intermédiaire avec eau et électricité dont un bon nombre est déjà raccordé aux égouts en attente des approbations gouvernementales. Les réservations sont acceptées pour ces sites mais aucun dépôt n’est exigé tellement on fait confiance à l’intégrité des clients qui sauront prévenir s’ils ne devaient pas pouvoir se présenter.
Les mégas unités demeurent bienvenus mais sur le plateau tertiaire où déjà une huitaine de sites seulement offre les 3 services. La marche est cependant plus longue vers le littoral.
Une reconnaissance venant d’ailleurs
Les chances sont élevées que vous échangerez avec le propriétaire de ce petit paradis qui veille au grain sur le bonheur de ses visiteurs. Dominique Simard est intarissable et généreux du propos. Il ne vous cachera pas sa fierté de recevoir autant de témoignages de reconnaissance des gens d’ailleurs plutôt que des gens de son patelin qui semblent avoir peine à soutenir ses efforts.
Son regret illustre bien le curieux protectionniste existant chez les locaux qui n’ont certainement pas vu ailleurs et qui demeurent méfiants face à l’inconnu. En cela, la Côte-Nord tient de sa voisine Charlevoix. Petite-Rivière-St-François et Les Bergeronnes semblent mener le même combat pour Daniel Gauthier et Dominique Simard.
Visionnaire, celui qui a réinventé le cirque voulait aussi réinventer le modèle d’une station de ski. Daniel Gauthier a malheureusement vu sa vision, son projet et ses efforts souvent contrer par les locaux méfiants devant l’inconnu alors que les gens d’ailleurs ne tarissaient pas d’éloges face au potentiel de la montagne.
Dominique Simard réussit de son côté à réinventer le camping classique avec une rare offre distinctive au Québec qui à l’instar du Massif de Charlevoix séduit aussi et surtout la clientèle d’ailleurs.
Il y a tout lieu de saluer sa persévérance pour ses efforts à vouloir maintenir un « paradis » qui nous tient loin de « l’enfer » de la vie quotidienne d’aujourd’hui. Soyons-en bénis !!!
Visité avec bonheur en séjour de 4 jours – fin juin 2019
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